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Photographie de  l’Avion n°3 de Clément Ader (musée des Arts et Métiers) accompagné d’un joli texte intitulé Ces Ailes Brisées (Notre Îlot Céleste).
En octobre 1897, sur une piste circulaire près de Versailles, un étrange appareil aux allures de chauve-souris géante tente de prendre son envol. C’est l’Avion n°3 de Clément Ader, financé par le ministère de la Guerre, qui incarne alors tous les espoirs de la France de conquérir les airs. Si l’histoire retiendra cet essai comme un échec, cette machine extraordinaire reste un jalon essentiel dans l’aventure aéronautique mondiale.

These Broken Wings (Our Island Sky)

Nouveau ! Vous pouvez écouter la composition musicale :

These Broken Wings (Our Island Sky)

We built these wings from whispered dreams

Stitched the fabric at the seams

With promises and hopes so high

To build our secret island in the sky

Remember how it felt back then?

We’d never touch the ground again…

No, we’d never touch the ground again.

 

And we were soaring, you and me

A perfect bubble, wild and free

So close to the sun, a dizzying view

And everything was new

Those days would never end

Those days would never end…

 

It was the sweetness of your skin

The perfect world we were living in

That filled me with the hope to wish impossible things

With these impossible wings

These impossible wings…

 

But the weather turned, a coming storm,

No longer safe, no longer warm,

It tore the fabric, broke the frame,

And whispered winter’s name…

And now our dream just hangs in this silent hall

A ghost of special moments after the fall
And all our wish… is gone away…

 

I see you, a prisoner in your shell,

You just needed a hand to guide you well,

You asked me to stay through the longest night…

And in the silence… I gave up the fight.

I was lost inside my selfish pain,

While you were drowning in the rain…

 

But I’ll come back and fix these broken wings

Forget the pain the memory brings

I’ll learn to stay, I’ll learn to fight

And make this future bright!

I’ll take this dream down from the wall

And risk it all to stand up tall

To make us fly again and feel the sun

Our story’s just begun!

I’ll wish impossible things… again… with you.

 

Ces Ailes Brisées (Notre Îlot Céleste)

(Version Française)

On a bâti ces ailes de nos rêves d’enfants

Tissé la toile au fil du temps

Avec l’espoir fou et la promesse immense

De bâtir notre îlot, notre chance

Souviens-toi de ce qu’on ressentait

Que plus jamais on ne toucherait terre

Non, plus jamais on ne toucherait terre.

 

Et l’on planait, toi et moi

Dans notre bulle parfaite, loin des lois

Des mondes vains, si près du soleil

Chaque instant était sans pareil

Ces jours ne finiraient jamais

Ces jours ne finiraient jamais…

 

C’était la douceur de ta peau

Ce monde parfait, ce rêve si beau

Qui me donnait le cœur de vouloir l’impossible

Avec ces ailes invincibles

Ces ailes invincibles…

 

Mais le temps a tourné à l’orage,

Un vent mauvais, un grand ravage,

A déchiré la toile, brisé le bois,

Glaçant le monde autour de nous…

Notre rêve est suspendu dans ce grand hall

Le spectre de nos moments particuliers qui perd son sol

Et notre vœu… s’est envolé…

 

Je te vois, prisonnière de ta coquille,

Toi qui voulais une main pour guide,

Qui m’as demandé de rester, quoi qu’il advienne…

Et dans le silence… j’ai abandonné la tienne…

De main, perdu dans ma propre peine,

Alors que tu te noyais, seule, souveraine…

 

Mais je reviens réparer ces ailes brisées

Oublier la douleur du passé

J’apprendrai à rester, j’apprendrai à me battre

Pour que notre avenir puisse renaître !

Je décrocherai ce rêve du mur

Même si le premier pas est dur

Pour nous faire voler vers le soleil

Notre histoire attend son réveil !

Je voudrai l’impossible… encore… avec toi.

Rabah Kebbi (2025)

Le saviez-vous ?

L’Avion n°3 de Clément Ader : une machine inspirée du vivant

L’anatomie d’une chauve-souris transformée en aéroplane

Clément Ader ne fait pas les choses à moitié. Pour concevoir son troisième prototype, il s’inspire directement de l’anatomie de la roussette, cette grande chauve-souris dont il étudie minutieusement la morphologie. Le résultat ? Une voilure souple et nervurée, à géométrie partiellement variable, qui ne ressemble à rien de ce qui se fait à l’époque.

La structure de l’appareil marie avec ingéniosité bois légers et tissages de soie. L’assemblage relève de l’orfèvrerie : plusieurs milliers de petits boutons fixent les toiles sur l’ossature. Cette approche biomimétique, révolutionnaire pour l’époque, vise à maîtriser la portance et la stabilité alors que l’aérodynamique n’en est qu’à ses balbutiements.

Des caractéristiques techniques ambitieuses

L’Avion n°3, également appelé « Avion III » ou « Aquilon », affiche des dimensions impressionnantes :

  • Envergure : 15,3 mètres
  • Longueur : 5,45 mètres
  • Surface alaire : 38 m²
  • Masse à vide : 246 kg
  • Vitesse visée : 50 km/h

La propulsion à vapeur : un pari technologique audacieux

Deux moteurs révolutionnaires pour l’époque

En 1897, les moteurs à explosion légers et fiables n’existent pas encore. Ader fait donc le choix de développer ses propres moteurs à vapeur « allégés », alimentés par un brûleur à alcool. Chaque moteur développe environ 20 chevaux, soit près de 40 chevaux au total pour un appareil de quelques centaines de kilos.

L’innovation ne s’arrête pas là : deux hélices contrarotatives permettent de limiter le couple de rotation, un problème majeur pour la stabilité de l’appareil. Sur le papier, c’est brillant. Dans la pratique, la puissance, la régulation et surtout le contrôle en vol vont se révéler être les talons d’Achille du projet.

Satory, octobre 1897 : le rendez-vous manqué avec l’Histoire

Les essais officiels qui scellent le destin du programme

Les 12 et 14 octobre 1897, sur une piste circulaire de 450 mètres aménagée à Satory, près de Versailles, l’Avion n°3 est soumis aux tests officiels devant les représentants du ministère de la Guerre. L’appareil roule, se désaxe, fait demi-tour sur lui-même… Des témoins évoqueront plus tard des « sauts » de faible hauteur, mais les rapports officiels sont sans appel : aucun vol maîtrisé n’a été réalisé.

La fin brutale d’un rêve militaire

Face à cet échec, le ministère prend une décision radicale : les crédits sont coupés, le programme abandonné. Pour Clément Ader, c’est la fin d’années de recherche et d’espoirs. Pour l’aviation militaire française, c’est un coup d’arrêt qui laissera le champ libre à d’autres nations dans la course à la conquête des airs.

L’héritage d’un échec fondateur

L’Éole : le précurseur de 1890

Sept ans avant les essais de Satory, Ader avait déjà revendiqué un bref « saut » avec l’Éole, un appareil plus léger également propulsé à la vapeur. La communauté historique reconnaît généralement qu’un décollage très court et très bas a eu lieu, mais sans contrôle ni possibilité de vol soutenu. C’est ce demi-succès qui avait convaincu l’État de financer un projet plus ambitieux en 1897.

Une seconde vie au musée

Après l’abandon du programme militaire, l’Avion n°3 connaît une destinée inattendue. Présenté à l’Exposition universelle de 1900, il rejoint rapidement les collections du Conservatoire des Arts et Métiers. Aujourd’hui, restauré et étudié, il accueille les visiteurs du musée, suspendu au-dessus de l’escalier d’honneur comme une grande chauve-souris immobile mais toujours fascinante.

Pourquoi cet échec compte encore aujourd’hui

Les leçons techniques essentielles

L’Avion n°3 concentre tous les défis qui ont dû être résolus pour que l’aviation devienne réalité :

  • Mesurer précisément la puissance nécessaire au vol
  • Alléger chaque composant sans compromettre la solidité
  • Comprendre les principes de stabilité et de contrôle
  • Obtenir des financements publics pour la recherche
  • Accepter l’échec comme partie intégrante du progrès

Un catalyseur pour l’innovation

Sans les essais de Satory et leur échec documenté, la pression pour développer des moteurs plus légers et des systèmes de gouvernes plus efficaces n’aurait pas été la même. Cet échec a paradoxalement accéléré la recherche aéronautique, ouvrant la voie aux Wright, Santos-Dumont et autres pionniers du début du XXe siècle.

Un témoignage unique de l’audace technique française

L’Avion n°3 de Clément Ader reste un témoignage extraordinaire de l’ingéniosité et de l’audace des pionniers de l’aviation. Même dans l’échec, cette machine aux allures de chauve-souris géante a contribué à écrire l’histoire de la conquête des airs. Elle nous rappelle que l’innovation naît souvent de l’échec et que les rêves les plus fous d’hier sont les réalités d’aujourd’hui.


📍 Envie de voir cette merveille de vos propres yeux ?

Rendez-vous au Musée des Arts et Métiers à Paris, où l’Avion n°3 est suspendu dans l’escalier d’honneur. C’est l’un des points forts de la visite, juste avant d’accéder à la nef. Une rencontre inoubliable avec un chapitre méconnu mais essentiel de l’histoire de l’aviation !

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