Autel de l’église de La Madeleine
Au-dessus de l’autel de l’église de La Madeleine se trouve une fresque et une mosaïque :
Fresque réalisée par Jules-Claude Ziegler
A la place de l’assomption de sainte Marie-Madeleine prévue par Delaroche, Jules-Claude Ziegler traita l’Histoire du christianisme (1835-1837).
L’artiste revenait d’Allemagne et avait envie de se mesurer à l’ambitieuse peinture nazaréenne ; il proposa donc de retracer toute l’histoire de la chrétienté. Cette idée convenait au gouvernement d’alors car Thiers voulait faire oublier les destinations primitives du temple de Vignon dans une idée de réconciliation nationale ; le thème de l’universalité de l’Église dépassait les querelles idéologiques nationales.
Inspiré du Christ de la Dispute du Saint Sacrement de Raphaël, le personnage central préside à l’histoire du christianisme d’Orient, à sa droite, et d’Occident, à sa gauche.
Il bénit, entouré des Apôtres, au sommet d’une pyramide humaine installée sur un escalier ; y figure d’abord sainte Marie-Madeleine, soutenue sur un nuage par trois anges, comme au maître-autel, avec la parole du Christ : Dilexit multum (elle a beaucoup aimé).
Selon la description de M. Krieger, nous énumérons les personnages :
- A gauche du spectateur, l’empereur Constantin, saint Maurice, saint Laurent tenant son gril, saint Augustin écrivant un livre sur le conseil de saint Ambroise.
- Ensuite un groupe évoquant les croisades, avec les papes Urbain II et Eugène III, Pierre l’Ermite, saint Bernard, le roi Louis VII tenant un écu fleurdelysé, Richard Cœur de Lion et ses soldats, saint Louis agenouillé, Godefroy de Bouillon tenant le bourdon et l’oriflamme, Robert de Normandie, Suger, abbé de Saint-Denis, le doge Dandolo, aveugle, tenant le drapeau qu’il planta sur les murs de Constantinople, le connétable de Montmorency à la poitrine armoriée, entouré des nobles qui l’accompagnèrent en croisade : un guerrier tire son épée, un autre offre un coffret, un vieillard donne ses trois fils à l’armée.
- Sur le premier plan, l’épisode contemporain de la guerre d’indépendance hellénique est représenté par un cadavre renversé, symbole de la Grèce expirante, une mère qui embrasse ses enfants, un prêtre grec qui lève ses bras pour implorer Dieu, enfin un groupe de combattants autour de la croix, dans la dernière lutte contre l’islamisme.
- A droite du spectateur, c’est-à-dire à la gauche du Christ, apparaissent au loin les premiers disciples et martyrs, sous le personnage du Juif errant, Ahasvérus, une besace sur l’épaule et un bâton à la main ; puis sainte Ursule et ses compagnes de Cologne (452), saint Symphorien, premier martyr des Gaules.
- Plus rapprochées, sainte Catherine appuyée à la roue et sainte Cécile à la lyre ; ensuite les guerriers francs groupés autour de saint Waast prêchant l’Évangile ; derrière, Clovis baptisé par saint Rémi, à côté de sainte Clotilde ; une druidesse regarde le roi d’un air courroucé.
- Plus bas, Charlemagne assis sur son trône, à qui un dignitaire présente les insignes du Saint Empire ; Éginard, son secrétaire, porte les Capitulaires tandis qu’un envoyé du Kalife Aroun-al-Raschid offre les clefs du Saint Sépulcre. Plus bas, Alexandre III évoque le souvenir de la première pierre de Notre-Dame de Paris ; à ses pieds, Frédéric Barberousse agenouillé, à Venise, avec le doge Ziani et un sénateur vénitien. Au même niveau paraissent Othon de Bavière et Jeanne d’Arc avec ses compagnons ; dans l’angle, Raphaël, Michel-Ange et Dante représentent la Renaissance.
- Plus bas, Henri IV, le converti, et Louis XIII offrant sa couronne à la Vierge, en compagnie de Richelieu, près de la stèle de dédicace « ANN. MDCCCXXXVII / REG. LUD. PHILIP. / FEC. ZIÉGLER ».
- La composition est dominée par la figure de Napoléon, l’empereur qui mit un terme à la Révolution : en grand manteau parsemé d’abeilles d’or, il se tourne vers Pie VII qui lui remet sa couronne, en présence des acteurs du Concordat de 1802, les prélats Consalvi, Caprana et Braschi. L’évêque de Gênes remet à Napoléon le texte du Concordat, qui est un traité entre le Pape et un souverain concernant les affaires religieuses.
La mosaïque réalisée par le peintre Charles-Joseph Lameire :
- le Christ de la Résurrection apparaît dans toute sa gloire, au centre, offert à l’adoration de ses premiers disciples et de ceux qui ont évangélisé la Gaule, auréolés sur un fond d’or. Ils sont séparés par quelques palmiers, arbres de la Palestine comme de la Provence. Sous les pieds du Christ, le texte Vivat qui Francos diligit Christus rappelle le début de la loi salique du royaume de France (Vive le Christ qui aime les Francs !)
- Depuis le Christ, à sa droite, les saints Marie-Madeleine, Maximin (premier évêque d’Aix), Sidoine, son successeur, Martial, apôtre d’Aquitaine, Véronique tenant la Sainte Face (elle aurait suivi saint Martial en Gaule), Zachée, le converti qui aurait vécu à Rocamadour, Front, fondateur de l’église de Périgueux (sous les traits de Lameire), Georges, premier évêque du Puy, Flour, apôtre des Cévennes, Austremoine, fondateur de l’église de Clermont.
- De l’autre côté, à la gauche du Christ : Marthe, sœur de Marie-Madeleine, enterrée à Tarascon, Lazare, leur frère ressuscité, fondateur de l’église de Marseille, Marie Jacobé, mère de saint Jacques le mineur qui aurait accompagné Marie-Madeleine en Gaule, Marie Salomé, mère de Jacques le Majeur, qui assista aussi à la Passion et débarqua en Provence, Marcelle, servante de sainte Marthe, Trophyme, disciple de saint Paul et fondateur de l’église d’Arles, Eutrope, fondateur de l’église d’Orange, Ursin, premier évêque de Bourges, représenté sous les traits de l’architecte Charles Garnier, Julien, fondateur de l’église du Mans, Denis, fondateur de l’église de Paris.
Source : http://www.eglise-lamadeleine.com/peinture-interieur