COP21 – Nuit Blanche Eglise Saint-Paul-Saint-Louis
COP21 : Photographies réalisées dans le cadre de la nuit blanche Paris 2015, Pierre Vuilmet a mis en place « Zone Habitable » au sein de l’église Saint-Paul-Saint-Louis de Paris. Pour Pierre Vuilmet la lumière est un marqueur prédominant dans son expression. Avec « Zone Habitable », il tente d’évoquer l’impossible miséricorde de l’humanité et ses dérives funestes.
Cette année, la 14ième édition des nuits blanches de Paris fait un premier écho artistique à la Conférence mondiale sur le Climat (COP21) qui se tiendra à Paris en décembre prochain.
Ces photos vous sont proposées avec une poésie « Climat, faune et flore de la lune » de Julien Laforgue… Enjoy !
Climat, faune et flore de la lune
Des nuits, ô Lune d’Immaculée-Conception,
Moi, vermine des nébuleuses d’occasion,
J’aime, du frais des toits de notre Babylone,
Concevoir ton climat et ta flore et ta faune.Ne sachant qu’inventer pour t’offrir mes ennuis,
Ô Radeau du Nihil aux quais seuls de nos nuits !Ton atmosphère est fixe, et tu rêves, figée
En climats de silence, écho de l’hypogée
D’un ciel atone où nul nuage ne s’endort
Par des vents chuchotant tout au plus qu’on est mort ?
Des montagnes de nacre et des golfes d’ivoire
Se renvoient leurs parois de mystiques ciboires,
En anses où, sur maint pilotis, d’un air lent,
Des Sirènes font leurs nattes, lèchent leurs flancs,
Blêmes d’avoir gorgé de lunaires luxures
Là-bas, ces gais dauphins aux geysers de mercure.Oui, c’est l’automne incantatoire et permanent
Sans thermomètre, embaumant mers et continents,
Etangs aveugles, lacs ophtalmiques, fontaines
De Léthé, cendres d’air, déserts de porcelaine,
Oasis, solfatares, cratères éteints,Arctiques sierras, cataractes l’air en zinc,
Hauts-plateaux crayeux, carrières abandonnées,
Nécropoles moins vieilles que leurs graminées,
Et des dolmens par caravanes, – et tout très
Ravi d’avoir fait son temps, de rêver au frais.
Salut, lointains crapauds ridés, en sentinelles
Sur les pics, claquant des dents à ces tourterelles
Jeunes qu’intriguent vos airs ! Salut, cétacés
Lumineux ! et vous, beaux comme des cuirassés,
Cygnes d’antan, nobles témoins des cataclysmes ;
Et vous, paons blancs cabrés en aurores de prismes ;
Et vous, Foetus voûtés, glabres contemporains
Des Sphinx brouteurs d’ennuis aux moustaches d’airain,
Qui, dans le clapotis des grottes basaltiques,
Ruminez l’Enfin ! comme une immortelle chique !Oui, rennes aux andouillers de cristal ; ours blancs
Graves comme des Mages, vous déambulant,
Les bras en croix vers les miels du divin silence !(…)
Jules LAFORGUE (1860-1887)
Source : poesie.webnet.fr