Hôtel de ville de Paris sous la neige
Hôtel de ville de Paris sous la neige: cette photo de l’hôtel de Ville de Paris est illustrée par une très jolie poésie intitulée « Étranges étrangers » de Jacques Prévert…
Étranges étrangers
Kabyles de la Chapelle et des quais de Javel
hommes de pays loin
cobayes des colonies
doux petits musiciens
soleils adolescents de la porte d’Italie
Boumians de la porte de Saint-Ouen
Apatrides d’Aubervilliers
brûleurs des grandes ordures de la ville de Paris
ébouillanteurs des bêtes trouvées mortes sur pied
au beau milieu des rues
Tunisiens de Grenelle
embauchés débauchés
manœuvres désœuvrés
Polaks du Marais du Temple des Rosiers
Cordonniers de Cordoue soutiers de Barcelone
pêcheurs des Beléares ou du cap Finistère
rescapés de Franco
et déportés de France et de Navarre
pour avoir défendu en souvenir de la vôtre
la liberté des autres
Esclaves noirs de Frejus
tiraillés et parqués
au bord d’une petite mer
où peu vous vous baihnez
Esclaves noirs de Fréjus
qui évoques chaque soir
dans les locaux disciplinaires
avec une vieille boite de cigares
et quelques bouts de fil de fer
tous les échos de vos villages
tous les oiseaux de vos forêts
et ne venez dans la capitale
que pour fêter au pas cadencé
la prise de la Bastille le quatorze juillet
Enfants du Sénégal
dépatriés expatriés et naturalisés
Enfants indochinois
jongleurs aux innocents couteaux
qui vendiez autrefois aux terrasses des cafés
de jolis dragons d’or faits de papier plié
Enfants trop tôt grandis et si vite en allés
qui dormez aujourd’hui de retour au pays
le visage dans la terre
et des hommes incendiaires labourant vos rizières
On vous a renvoyé
la monnaie de vos papiers dorés
on vous a retourné
vos petits couteaux dans le dos
Étranges étrangers
Vous êtes de la ville
vous êtes de sa vie
même si mal en vivez
même si vous en mourez .
Jacques Prévert
A propos du Grand bazar de l’hôtel de ville de Paris
Le commerçant Xavier Ruel commence par faire vendre quelques articles de bonneterie, par des camelots, dans de vastes parapluies. Il constate que les meilleures ventes sont toujours réalisées au coin de la rue de Rivoli et de la rue des Archives. Il décide donc, en 1856, d’établir son magasin à cet endroit.
En 1855, un événement va renforcer son destin. Alors que l’impératrice Eugénie passe devant son magasin, les chevaux de son attelage soudain effrayés s’emballent furieusement. Xavier Ruel se jette alors à leur tête et parvient à les maîtriser. Une somme lui est accordée pour cet acte héroïque. Cette récompense lui servira à agrandir son magasin qui sera baptisé le « Bazar Napoléon ».
En 1866, il prend en bail la plus grande partie de l’immeuble du 54, rue de Rivoli. Trois étages sont alors consacrés à la vente.
Il meurt en 1900, laissant derrière lui une entreprise comptant 800 employés. Henri Viguier son petit-fils, prend alors la succession du Bazar de l’Hôtel de Ville. C’est notamment lui qui dirige les vastes travaux réalisés en 1912 selon les plans de l’architecte Auguste Roy, donnant au bâtiment sa fameuse rotonde et l’essentiel de sa structure moderne. Le magasin couvre 1 300 mètres de galeries bâties sur 11 étages, il devient l’un des grands magasins parisiens de la mode.
En 2013, l’établissement est rénové. Son nom est modifié. Il devient « Le BHV Marais ».
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