Les invalides (Hôtel des Invalides) de Nuit
Les invalides : dans ce nouveau post, je vous propose, avec cette photographie « by night » de l’Hôtel des Invalides et le poème d’ Emile De La Bédollière intitulé « La nuit à l’hôtel des Invalides », un rendez-vous avec l’histoire…
Jusqu’au XVIIe siècle aucune fondation particulière n’existe pour abriter les soldats invalides. En 1670, Louis XIV décide la création de l’Hôtel des Invalides destiné à accueillir les vétérans de ses guerres. La direction des travaux est confiée à l’architecte Libéral Bruant, qui érige un chef d’œuvre du style classique, grandiose, sobre et élégant. Les premiers pensionnaires s’y installent en 1674. A la fois hospice, caserne, couvent, hôpital et manufacture, l’Hôtel est une véritable cité réglementée selon un système à la fois militaire et religieux. A la fin du XVIIe siècle, il abrite jusqu’à 4000 pensionnaires. Sous le Consulat puis l’Empire, Napoléon Bonaparte réorganise l’institution et amorce la transformation de l’église Saint-Louis en panthéon militaire national. Cette évolution est consacrée à partir de 1840 par l’édification, sous le Dôme, du tombeau de l’Empereur. De nos jours, l’Hôtel national des Invalides, classé monument historique, est un haut lieu de la mémoire nationale.
La nuit à l’Hôtel des Invalides
La nuit, quand tout se tait et dort sur l’Esplanade,
A l’horizon lointain mugit la canonnade !
Des rêves glorieux ont visité l’Hôtel,
Soudain, chaque bataille, au renom immortel,
Fille du peuple libre ou fille de l’Empire,
Prend un corps et, vivante, elle marche et respire.
Fleurus, demi-vêtue et le sein palpitant,
Croise la baïonnette, et triomphe en chantant.
(…)
Entendez-vous encor, par la paix endormis
S’éveiller en grondant les canons ennemis ?
Entendez-vous frémir comme au gré de la bise
Les drapeaux suspendus aux voûtes de l’église,
Et que peut contempler l’invalide joyeux,
Quand il élève au ciel sa prière et ses yeux ?
Alors les vieux guerriers se raniment ; leur bouche
A retrouvé des dents pour mordre la cartouche ;
Feuillage printanier des arbres rajeunis,
Les cheveux ont couvert leurs crânes dégarnis.
Comme un fleuve ses bords, le sang bat leurs artères ;
Ils renaissent au jour des fastes militaires,
Et leur jeunesse ardente, avide d’un grand nom,
Est digne qu’on la risque en face du canon.
Ils se lèvent : Pour eux la lutte recommence ;
Ils reprennent un rang dans la colonne immense.
Soldats de vingt pays, esclaves de vingt rois,
Anglais, Autrichiens, Prussiens, Bavarois,
Opposent à leurs coups une épaisse muraille,
Que perce et démolit l’incessante mitraille,
Mille ennemis sont là ; mais eux, vaillants et forts,
Rompent des bataillons, escaladent des forts ;
Et si, dans la mêlée, un boulet les emporte,
Si la balle en passant les renverse, qu’importe ?
Car, pour les voir tomber et mourir sans terreur,
Ils ont deux grands témoins,
la France et l’Empereur.
Hélas ! Bientôt la nuit, la mère des mensonges,
Dans les plis de sa robe emporte tous les songes !
Le matin reparait, mais il ne reste plus
Que de pauvres soldats, éclopés et perclus,
Débris de corps humains, vieilles lames rouillées
Par l’âge et les combats moitiés dépareillées.
Ils accueillent souvent par un juron brutal
La goutte qui les tient sur un lit d’hôpital ;
Mais leur caducité s’entoure de trophées ;
Au feu des souvenirs leurs âmes réchauffées
Vers un passé sublime ont repris leur essor ;
Ils ont rêvé de gloire !…Ils sont heureux encor.
D’après l’article L’Invalide de Emile De La Bédollière dans Les Français peints par eux-mêmes, encyclopédie morale du XIXe siècle éditée par Léon Curmer. Réédité par Omnibus en février 2003.
Source : Lesveteransdenapoleon1er
Le saviez-vous ?
Jusqu’au XVIIe siècle aucune fondation particulière n’existe pour abriter les soldats invalides. En 1670, Louis XIV décide la création de l’Hôtel des Invalides destiné à accueillir les vétérans de ses guerres. La direction des travaux est confiée à l’architecte Libéral Bruant, qui érige un chef d’œuvre du style classique, grandiose, sobre et élégant. Les premiers pensionnaires s’y installent en 1674. A la fois hospice, caserne, couvent, hôpital et manufacture, l’Hôtel est une véritable cité réglementée selon un système à la fois militaire et religieux. A la fin du XVIIe siècle, il abrite jusqu’à 4000 pensionnaires. Sous le Consulat puis l’Empire, Napoléon Bonaparte réorganise l’institution et amorce la transformation de l’église Saint-Louis en panthéon militaire national. Cette évolution est consacrée à partir de 1840 par l’édification, sous le Dôme, du tombeau de l’Empereur. De nos jours, l’Hôtel national des Invalides, classé monument historique, est un haut lieu de la mémoire nationale.