Belgrade sortir la nuit et le minuit de Dura JAKŠIĆ

Belgrade sortir la nuit : photographie du pont Branko (brankov)

Belgrade sortir la nuit et le minuit de Dura JAKŠIĆ

Photographie de nuit du pont Branko (Brankov en Serbie) à Belgrade accompagnée par un poème de Dura JAKŠIĆ intitulé minuit… 

Minuit

Minuit…

Divinité muette en sa cape noire ;

De l’âme libre, c’est le sanctuaire.

Cette heure noire aux tréfonds de la nuit…

                                  Mais cette voix, ce bruit ?…

En ce minuit à l’aile ténébreuse,

Comme une lame de fond monstrueuse,

Aux flots déserts roulant impétueuse,

Qui, tout en agonisant, gémirait,

Ou bien de la terre noire sourdrait.

Serait-ce son âme qui parlerait,

La terre qui ses crimes maudirait ?

Le ciel, peut-être, en train de s’éloigner

Pour ne plus m’entendre ainsi blasphémer ?

Pleurant les astres, le ciel affligé

Pour toujours de la terre prend congé…

Quoi ? Le monde n’aurait plus de lumière,

Et plus jamais d’aurore pour la terre ?

Tout serait-il couvert

De ténèbres ?…

                               Mais des pas dans la nuit…

Est-ce minuit qui chemine sans bruit,

Plus silencieusement qu’un souffle d’air ?

Ou bien quelqu’un qui revient des enfers ?

Un nuage encor s’échappant dans les cieux ?

Le lourd soupir d’un malade fiévreux ?

L’ange venant du ciel pour le soigner

Ou de sa faux aiguë pour le faucher ?

Et si c’était l’amour ?… Un mal sournois

Se faufilant pour boire en tapinois

Cette dernière coupe d’allégresse ?

Ou peut-être une larme de tristesse,

Nous arrosant d’un triste réconfort ?

Ou la terre, qui nous rendrait nos morts ?

                                            Les portes grincent…

O bien-aimée ! O ombre chère?

Oh pour moi quel bonheur! O tendre mère !

Oh, combien de jours, et combien d’années,

Combien aussi d’amères vérités ;

Et combien de fois ma poitrine a frémi,

Et mon cœur par les hommes fut meurtri ;

Combien de péchés, combien de remords

Avec pour seul recours la froide mort ;

Tant de coupes amères j’ai vidées

Et tant de pains de larmes inondés ! …

O mère, ombre si douce de ma mère,

O mère, mère, ombre qui m’est si chère!

Depuis ce jour où tu as disparu,

Rien de bon en ce monde je n’ai vu.

Peut-être penses-tu : « Ce qui est bien,

C’est qu’il n’entende pas le va et vient,

Tissant de fils ténus, de l’araignée,

Là-haut, dans l’ombre noire du grenier »

« – Tu es parmi les hommes, tes semblables. »

Mais c’est cela qui est insupportable :

La malveillance y côtoie l’infamie,

Leur emboîte le pas leur sœur, l’envie,

Et le mensonge à leur suite s’empresse,

Partout où les mène la bassesse ;

La flatterie les sert, et la traîtrise,

Autant que le parjure, est leur complice.

Mère, ô Mère, le monde est exécrable,

Et la vie, ô Mère, si pitoyable.

Cette photo poésie Belgrade sortir la nuit est illustrée par un poème de Dura JAKŠIĆ, minuit.

source : serbica.u-bordeaux-montaigne.fr

Le saviez-vous ?

La Save est une rivière qui coule en Slovénie, en Croatie, en Bosnie-Herzégovine et en Serbie. C’est un affluent de la rive droite du Danube, qui conflue à Belgrade. 

Le pont de Branko est le second pont par sa largeur de Belgrade, la capitale de la Serbie. Il traverse la Save et relie le centre ville à la municipalité de Novi Beograd. Construit en 1956 sur les fondations du 1934 Pont du roi Alexandre, qui a été détruit lors de la Seconde Guerre mondiale.

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