The Royal Mews Buckingham Palace et le petit cheval de Maram al-Masri
The royal mews buckingham palace : pour illuster cette photopoésie du jour, je vous propose une sublime poésie de Maram al-Masri intitulée « Petit cheval ». Maram al-Masri est née à Lattaquié en Syrie. Après des études de littérature anglaise à Damas, où le recueil « Je te menace d’une colombe blanche » paraît en 1984, elle quitte sa terre natale et s’installe à Paris.
Petit Cheval
Sur une étagère poussiéreuse
Avec plein d’autres objets abandonnés
Un petit cheval me regarde
Comme s’il me demandait de le prendre dans mes bras
Mais que faire de lui ?
J ai hausser mes épaules
Et je suis partie en galopantLe temps passe sur
l’étagère de la boutique du monde
et les poussières aussi
Un hennissement sort du capharnaüm
Le cheval que j ai vu jadis
est toujours là ;
Il m’attend, me suis-je dit
Comment le décevoir
Il est cher pour ma bourse et je n’ai pas de place
Mais cette fois en partant
nous avons galopé ensembleBras dessus bras dessous
J’ai amené un cheval dans mon royaume
Je l’ai bien astiqué pour lui ôter sa solitude
Et ses peurs
Sur sa patte gauche une blessure
Et dans le cœur un trou
J’ai remarqué combien le temps l’avait mal traité
J’ai bien soigné ses bobos
Qui t’a fait ça ?
Il a baissé les yeux et a commencé
à se balancer
Chez moi tu seras roi, lui ai-je promis
et près du lit je l’ai fait dormir
je ne voulais pas lui donner de mauvaises habitudes
comme on fait avec les hommes, les chiens et les chats
j’étais obligéeCe matin, mon cheval me demande de sortir
il me dit que ma chambre
est tout petite pour galoper
il a besoin des champs
des montagnes
des arbres
de l’odeur de la libertéÔ petit cheval de bois
fais comme moi
rêve!arrête de me regarder
avec tes yeux doux !
dois-je croire que tu me vois ?
arrête de me parler
je ne comprends pas la langue des chevauxarrête de me donner des coup de pieds
tu veux peut-être
que je t’embrasse ?Ô ! petit cheval de bois
penses-tu que mon baiser
te transformera
en prince ?cheval de bois ?
ton visage pourtant
me sourit.Maram al- Masri
Source : printempsdespoetes.com